Les OGM peuvent présenter des avantages, mais leurs inconvenients potentiels doivent aussi être considérés ...
Les OGM en questions : quel intérêt ? quelles craintes ?
Les OGM ont-il un intérêt ?
Si le développement des OGM est essentiellement motivé par des considérations économiques en termes de coût de production, un certain nombre d'autres avantages peuvent leur être reconnus : compétitivité technologique, développement économique, amélioration des rendements des pays en voie de développement et ... sauvegarde de l’environnement. Ce dernier intérêt, discutable pour certains, est avancé par d'autres dans la mesure où les OGM peuvent aider à faire face aux besoins de production générés par l'augmentation très importante de la population mondiale tout en ménageant les sols exploitables, les ressources en eau, et en réduisant l’utilisation de substances pesticides ou polluantes.
1. Une plante OGM peut-être plus résistante :
- aux insectes : ainsi un coton transgénique produit-il une toxine provenant de Bacillus thuringiensis capable de se lier à des récepteurs de l’intestin d’insectes parasites du coton, Heliothus zea. La toxine perturbe la digestion des larves, qui ne se nourrissent plus et meurent. Ce procédé est également employé pour la tomate, la pomme de terre et le maïs.
- aux virus : le virus plum pox virus (ppv) est responsable d’une maladie des arbres à noyaux, transmise par les pucerons. Les fruits sont inconsommables, tachés, déformés et chutent avant maturité. Un transgène a été obtenu qui fait fabriquer aux cellules végétales une protéine de la paroi du virus dont l'accumulation empêche la multiplication de ce dernier.
2. Une plante OGM peut s'accommoder d'un climat :
- en s'adaptant à des températures élevées : certaines protéines dites "du choc thermique", ou "heat shock proteins" (HSP), protègent les cellules des effets toxiques d'autres protéines dénaturées par la chaleur. Les cellules transgéniques capables de les synthétiser confèrent par exemple à l'OGM d'arabette un seuil de tolérance thermique plus élevé de 2 à 4°C.
- en s'adaptant aux gelées : la résistance au froid est sous dépendance génétique avec intervention, entre autres facteurs, du taux de sucres, des protéines solubles ou de la proline. Certaines plantes transgéniques pour ces substances s’adaptent aux basses températures.
3. Une plante OGM peut être moins calorique :
Certaines plantes génétiquement modifiées de grande culture comme le tabac, le maïs, la pomme de terre ou la betterave peuvent produire des fructosanes. Ces molécules, comme l'inuline, peuvent être des fibres alimentaires ou former avec l’eau des émulsions stables remplaçant les lipides dans certains aliments comme la margarine. Elles participent ainsi à une baisse de l’apport en cholestérol.
4. Une plante OGM peut mûrir plus lentement, mais ... :
... si les tomates transgéniques « Flavr Savr » mises au point dans les années 1990 avaient une longévité plus grande, la variété choisie était de piètre qualité, sans goût et a donc été abandonnée.
De nombreuses variétés naturelles sont du reste redécouvertes pour leurs propriétés gustatives ou de conservation.
Que craindre de l'utilisation des OGM ?
L'utilisation des OGM par l'industrie agro-alimentaire, qui fut rapidement effective aux USA sans restriction particulière, a fait l'objet de réticences en Europe dès le mois de décembre 1996, en particulier de la part de l'Autriche et de la France avec une demande d’étiquetage et de mise sous surveillance pour évaluation des risques. Les craintes exprimées sont essentiellement d'ordre écologique et sanitaire.
1. Les craintes écologiques, auxquelles on ne saurait apporter de réponse à l'heure actuelle sont notamment :
- l'octroi d’un caractère sélectif à la plante transgénique au risque qu'elle devienne prépondérante,
- l'apparition d'une résistance des prédateurs aux protéines transgéniques sensées les détruire,
- la possibilité de transferts incontrôlables du gène par voie sexuée aux autres variétés ou cultivars de la plante, ou à des espèces sauvages
- l'induction d'une résistance aux herbicides
- la possibilité de colonisation, par les parasites évincés, des espèces naturelles ne possédant pas la protéine transgénique protectrice.
2. Les craintes sanitaires ne sont pas d'ordre biologique dans la mesure où le transgène d'un OGM ingéré ne peut se transmettre au consommateur, mais concernent plus les effets toxiques potentiels des herbicides absorbés en quantité significative par des plantes rendues résistantes à ces produits chimiques. Un cumul des substances chimiques employées est possible tout au long de la chaîne alimentaire menant à l'Homme, et les effets à long terme en sont inconnus.
Par ailleurs, la fonction acquise par la plante transgénique peut elle-même accentuer le nocivité des substances auxquelles elle est exposée ; ainsi la dégradation d'un herbicide peut-elle engendrer la production de dérivés toxiques. Des études complémentaires sont nécessaires pour préciser l'importance de ces phénomènes.
Ces différents points ont suscité dans différents pays européens, dont la France, une vague d’inquiétude et/ou de rejet vis-à-vis de l'utilisation d'OGM par l'industrie agro-alimentaire. Plusieurs textes législatifs de la CEE y ont été consacrés, et diverses mesures assurant la traçabilité et la sécurité ont été élaborées. De nombreux contrôles visent ainsi à éliminer une toxicité potentielle des protéines exprimées et à contrôler la dissémination des gènes. Le Comité permanent des denrées alimentaires précise les conditions d’utilisation et d’étiquetage.