D'origine naturelle ou synthétique les parfums sont nombreux et sont de plus en plus présents dans notre environnement ...
Allergie aux parfums
Qu'ils soient utilisés comme tels ou comme composants d'un nombre croissant de produits cosmétiques, les parfums sont de plus en plus présents dans notre environnement. Aux traditionnels vaporisateurs, laits ou crèmes parfumées, viennent en effet s'ajouter les désodorisants, diffuseurs et autres huiles essentielles.
D'origine naturelle ou synthétique, les molécules concernées sont par ailleurs très diverses et leur nombre est actuellement estimé à près de 3000. Elles peuvent être savamment mélangées pour créer de nouveaux effluves, et un seul parfum peut donc contenir plusieurs dizaines ou plusieurs centaines de composants différents.
Cet engouement pour les odeurs susceptibles de flatter notre sens olfactif a pour corollaire une augmentation de la fréquence des allergies de contact aux molécules concernées. Ainsi peut-on estimer à plus d'un tiers les réactions allergiques aux produits cosmétiques qui sont liées aux parfums entrant dans leur composition. Les huiles essentielles, de plus en plus utilisées pour leur caractère naturel, sont des mélanges complexes de substances aromatiques et peuvent, à ce titre, être également responsables d'allergies.
Nature des parfums allergisants
Les parfums allergisants sont généralement de petites molécules capables de pénétrer dans la peau et de s'y lier à des protéines pour initier et/ou déclencher une réaction allergique de contact.
Parfois cet effet n'est observé qu'après transformation de la molécule initiale, comme c'est le cas pour des terpènes - souvent employés dans la composition de mélanges-, tels le d-limonène ou le linalool.
Les substances parfumantes potentiellement allergisantes sont finalement très diverses, mais quelques familles chimiques semblent plus particulièrement concernées : la plupart des molécules contiennent en effet certains groupements (alcools, aldéhydes, catéchols, cétones, esters, phényl-esters, ...) dont la présence pourrait intervenir dans l'effet sensibilisant.
La législation européenne applicable aux produits cosmétiques impose l'étiquetage de 26 composants aromatiques connus comme allergisants, et assez représentatifs de ces différentes familles.
Des seuils minimaux ont été fixés à cet effet, qui sont de 0,001 % pour les produits appliqués sur la peau sans rinçage, et de 0,01 % pour les produits rinçables.
Composants des parfums à étiquetage obligatoire en Europe (Annexe VI de la Directive européenne 67/548/EEC).
- Alcool amylcinnamique
- Alcool benzylique (benzyl alcohol)
- Alcool cinnamique (cinnamyl alcohol)
- Aldéhyde cinnamique
- Amylcinnamaldéhyde
- Anisyl alcohol
- Benzyl benzoate
- Cinnamate de benzyle (benzyl cinnamate)
- Citral
- Citronellol
- Coumarine
- d-Limonène
- Eugénol
- Farnésol
- Géraniol
- Hexyl cinnamaldéhyde
- Hydroxycitronellal
- Hydroxyméthylpentylcyclohexènecarboxaldéhyde (Lyral)
- Isoeugénol
- Linalool
- 3-Méthyl-4-(2,6,6-triméthyl-2-cyclohexèn-1-yl)-3-butèn-2-one (alpha-isométhylionone)
- Méthyl heptine carbonate
- 2-(4-ter-Butylbenzyl) propionaldéhyde
- Mousse de chène (Oak moss)
- Mousse d'arbre (Tree moss)
- Salicylate de benzyle
Aspects cliniques de l'allergie de contact aux parfums
Une allergie de contact à un parfum se manifeste généralement par l'apparition retardée d'un eczéma après application d'un produit cosmétique, d'hygiène ou de soin, d'un produit parfumant (lotion, déodorant, ...), ou après utilisation d'un produit ménager odorant. La zone de peau atteinte est le plus souvent celle qui a été directement en contact avec la molécule incriminée, mais certaines localisations peuvent être déroutantes comme :
- une atteinte du visage, et notamment des paupières, par exposition aéroportée pour un parfum diffusé par spray
- des éruptions à distance de la zone d'application dans les allergies importantes avec passage sanguin de l'allergène
D'autres lésions moins typiques, comme une cheilite, une dyshidrose, une pigmentation, une éruption pseudo-lupique, etc ... peuvent être observées.
Les réactions allergiques immédiates à type d'érythème, d'oedème, d'urticaire, voire d'anaphylaxie, sont plus rares.
La réalisation de tests allergologiques et leur interprétation en fonction du contexte permettent de poser le diagnostic. Dès lors qu'une molécule a été identifiée comme responsable de l'allergie, seule son éviction est efficace et il faut donc s'assurer de son absence dans les produits cosmétiques employés en prêtant systématiquement attention à leur étiquetage.
La possibilité d'allergies croisées avec d'autres composants de produits cosmétiques, voire avec des aliments comme les épices, devra parfois être prise en compte.